Il n’existe aucune règlementation en France limitant l’usage de la mention « Vieilles Vignes » sur une étiquette. Sachant que certains arrachent leurs pieds dès les premiers signes de baisse de productivité, vers 25 ou 30 ans, quand une vigne est-elle vraiment vieille ? Est-ce qu’on compte en « année-chien » ou bien faisons-nous un parallèle avec une vie humaine ? 25, 35, 50, 80 ans ?

Ailleurs, il existe certains repères sur lesquels on peut se baser : en Australie, les vignes de Barossa ont une échelle permettant de les situer.

  • 35 ans et plus : vielle vigne (old vine)
  • 70 ans et plus : survivante (survivor vine)
  • 100 ans et plus : centenaire (centenarian vine)
  • 125 ans et plus : ancêtre (ancestor vine)

Mais revenons dans nos régions, et plus précisément dans les Corbières, où un simple coup d’oeil aux vignes du Domaine Miradels permet de comprendre cette expression.

Ces pieds-là sont centenaires : les plus vieux carignans du domaine ont été plantés en 1919. Ils avaient 27 ans quand Michel Gratacos a acquis la propriété qui est aujourd’hui aux mains des 3ème et 4ème générations. Ils étaient donc déjà « vieux » quand le domaine fut agrandi et que des syrahs, cinsaults, grenaches et mourvèdres furent plantés, dans les années 50 et 60.

Pourquoi des vieilles vignes ?

Si la mention se rencontre aussi souvent sur des étiquettes, c’est qu’on associe une idée de qualité, de prestige, au vin issu de ces vieux plants. Avec l’âge, la vigne est moins productive, elle donne des rendements plus faibles, mais les racines sont plus profondes. Surtout, explique Mégane Gratacos : elle donne des vins « extrêmement riches et concentrés en arômes ».

En face, les inconvénients sont faibles : loin d’être frêle, la vieille vigne est solide, notamment grâce à son enracinement profond qui lui permet d’aller puiser l’eau et les nutriments dont elle a besoin. La principale contrainte reste la vendange, qui doit impérativement se faire à la main : les carignans sont taillés en gobelet, sans palissage, et mieux vaut éviter de les secouer comme des oliviers.

En cave, pour obtenir les quelques 1800 bouteilles de cette cuvée, le carignan centenaire est assemblé au fruit d’autres vignes, moins âgées mais tout de même cinquantenaires : de la syrah, du grenache noir, et une pointe de cinsault. Le vin passe ensuite 24 mois en fûts de chêne français : un élevage long, lent, qui permet de fondre les tanins et de parvenir à un juste équilibre, avec un boisé fin qui épaule le fruit dense et intense, et donne un beau potentiel de garde au vin.

Le résultat est à la hauteur des espérances : un vin intense, concentré, mêlant des notes de baies noires, de fraise mara des bois, d’épices, de garrigue, à une légère pointe toastée. La finale est longue et expressive, les tanins sont présents mais bien intégrés. Une cuvée que l’on peut apprécier dès maintenant (après 2 heures de carafage dans l’idéal) ou attendre encore 4 à 5 années. En revanche, avec seulement 1800 bouteilles produites, il n’y en aura pas pour tout le monde !

Domaine Gratacos – Vieilles Vignes
Corbières rouge 2017
12€ sur Miradels.com