On a tous entendu parler du lien entre la rentrée scolaire et les travaux agricoles : si les « grandes vacances » sont si grandes, et tombent à cette période, c’est que les élèves étaient souvent réquisitionnés par leur famille pour aider aux moissons… et aux vendanges. De même, la rentrée estudiantine, qui était généralement plus tardive, laissait le temps aux étudiants de se faire un peu d’argent en prenant part aux vendanges. C’est moins souvent le cas aujourd’hui, mais il n’empêche que beaucoup d’entre nous ont aujourd’hui des souvenirs de ces jours passés à courber l’échine entre deux rangs de vignes…

Pour ma part, c’était dans les Côtes du Rhône, il y a plusieurs années de cela. Une quinzaine de jours au sein d’une équipe d’une dizaine de personnes – l’exploitation n’était pas très grande, et combinait vendange manuelle et vendange à la machine sur ses différentes parcelles. Une quinzaine de jours sous le soleil du Vaucluse, entre les rangs de vignes plantées en gobelet, les pieds dans la terre et les galets.

Mes souvenirs aujourd’hui tiennent à peu de choses :

  • La grille d’entrée du domaine, devant laquelle je passe encore régulièrement, et où j’attendais de bon matin en compagnie de mes collègues saisonniers
  • Une casquette usagée, remisée au fond d’une valise, et un bandana qui me protégeait du soleil cuisant. Tant pis pour la mode, je me souviens encore que ma casquette avait un tissu à l’arrière, qui protégeait ma nuque des rayons du soleil…
  • De vieilles baskets confortables, depuis longtemps jetées, dont la blancheur n’était déjà plus très vive au début des vendanges, mais qui avaient fini la saison dans un mélange de gris et de brun
  • La camionnette, avec son manque de places à l’arrière, ses amortisseurs qui avaient vu d’autres millésimes et d’autres chemins de terre…
  • Le sécateur, sans assistance électrique. Et la sensation de la rafle qui cède sous la pression de ma main, avec ou sans gant selon la préférence du jour. Les cris du chef, aussi, quand sur une parcelle palissée il entendait le claquement caractéristique d’un fil de palissage sectionné par un vendangeur ou une vendangeuse distrait/e…
  • Les seaux que l’on remplissait inlassablement, avant de les passer aux porteurs qui sillonnaient les rangs. Puis les bacs et les bennes, outils essentiels du matériel viticole et agricole, emportés par le tracteur jusqu’à la cave…
  • Enfin, étrangement, les verres et bouteilles servis à l’occasion d’un repas entre vendangeurs ne sont pas restés… contrairement aux gobelets distribués dans les vignes pour nous désaltérer…

Aujourd’hui, quand en traversant les vignobles je croise un tracteur chargé de raisins fraîchement cueillis de leur cep, que j’aperçois un groupe de vendangeurs en train de faire une pause au bout de quelques rangs, ou que je sens l’arôme inoubliable des jus que l’on presse dans les caves, c’est cet inventaire à la Prévert des vendanges qui me revient. Le poids du seau, la prise du sécateur, la noirceur sous les ongles, le soleil sur le crâne… et deux semaines avec la sensation d’avoir pris part à quelque chose, à la naissance d’un millésime que l’on aura plaisir à découvrir en bouteille.

Et vous, quels sont vos souvenirs de vendanges ?

 

Crédit photo : CNTT – distributeur en matériel viticole et agricole