Découverte
Le 3/11/2015 par Julie
Les trois terroirs de Beaumes de Venise
Pour comprendre une appellation et un vin, il est souvent nécessaire de se rendre sur place, d'éprouver le terrain, de rencontrer ceux qui font le vin et de voir les pieds de vigne dans leur environnement. C'est particulièrement vrai à Beaumes de Venise, même si la nature accidentée du terrain oblige à prendre un 4x4 pour emprunter les chemins conduisant aux plus beaux sites de l'appellation.
Petit point étymologique en guise de préliminaires : "Beaumes" vient du provençal "balme", qui désigne des grottes, nombreuses aux alentours de la colline. "Venise" n'a rien à voir avec la ville italienne, mais fait référence au Comtat Venaissin, qui appartenait aux papes.
Beaumes de Venise, cru de la Vallée du Rhône
Deux appellations se partagent les terres de Beaumes : le Muscat de Beaumes de Venise, appellation historique de Vin Doux Naturel depuis 1943, et le vin rouge Beaumes de Venise, qui accéda au statut de cru en 2005. Récolte manuelle, préservation de l'écosystème (les forêts de la zone ont été exclues des limites de l'appellation afin d'éviter que la vigne n'empiète dessus), rendements modérés… Tout pour donner naissance à un beau cru, emblématique de la région.
Concrètement, un peu plus de 600 hectares de vignes sont cultivés, pour un total de plus de 2,5 millions de bouteilles. Les cépages autorisés sont le Grenache noir (qui doit représenter plus de 50% de l'assemblage), la Syrah, le Mourvèdre, et divers cépages noirs et blancs, dans une proportion maximale de 20% pour les noirs et 5% pour les blancs.
Côté terrain, si la vigne dispute des terres à la forêt et aux habitations de cette région touristique au pied du Mont Ventoux, c'est surtout la partie "montagneuse" que l'on remarque. Les vignes sont dispersées à flanc de colline, entre 100 et 600 mètres d'altitude, sur les contreforts des Dentelles de Montmirail. D'où une diversité de terroirs et de sols, illustrée ici avec l'aide de la cave de Beaumes de Venise Rhonéa (Balma Venitia pour les intimes) et de ses cuvées.
Trois vins pour trois terroirs
Beaumes de Venise Terres de Bel Air
Une base de calcaire et un sol reconnaissable à une couleur blanche, situé plutôt sur le bas de l'appellation. A la dégustation, un fruit intense et un côté soyeux et fondu des tanins porte à croire que ce vin s'apprécie plutôt dans ses primes années.
Beaumes de Venise Terres des Farisiens
Plus haut, autour de la commune de Lafare, les vignes poussent sur un sol de marnes grises datant du Jurassique supérieur. On est là entouré par les collines et sommets des dentelles, sur des coteaux. Plus d'élégance dans le vin, mais aussi une note épicée plus prononcée, bien qu'on retrouve la chaleur et l'ampleur qui définissent cette gamme.
Beaumes de Venise Terres du Trias
Direction le haut de l'appellation, où la terre est teintée d'ocre. Le sol est originaire du Triassique (la période qui a précédé le Jurassique) et a plus de 200 millions d'années. Sa couleur vient d'une richesse en fer. Dans le verre, point de fer, mais de l'ampleur, de la puissance, et des notes de fruits rouges et noirs mûrs, presque confiturés.
Quelques mots sur l'auteur : Julie
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.
