Le 15/12/2015 par Julie
Parfois préféré au Champagne "classique" pour sa couleur pouvant aller du saumon pâle au rose framboise, le Champagne rosé est un vin à part entière, apprécié des amateurs pour ses notes de fruits, sa persistance aromatique et sa capacité à accompagner un repas de l'apéritif au dessert.
C'est dans les caves de la maison Ruinart, à Epernay, que ce style de Champagne a vu le jour. Petits repères chronologiques : le moine Dom Pérignon aurait "inventé" le Champagne vers la fin du 17ème siècle, et les grandes maisons ont pour la plupart été fondées au début du 18ème.
Il existe plusieurs méthodes d'élaboration pour faire du vin rosé, dont la plus évidente, qui consiste à colorer une base de vin blanc en lui ajoutant un peu de vin rouge. Cette méthode est interdite pour tous les vins… sauf le Champagne, qui peut être fait ainsi, en "rosé d'assemblage".
Plus courante, cette technique consiste à faire macérer les raisins de plusieurs heures à quelques jours : le jus clair se teinte progressivement de rosé au contact des peaux rouges. Lorsque la couleur désirée est atteinte (ainsi que d'autres critères pourtant sur le profil aromatique et gustatif du vin futur), le maître de chai "saigne" la cuve : il sépare le jus des pellicules en ouvrant la vanne pour que le vin s'écoule et passe dans une nouvelle cuve.
Sur le plan technique, si on fait du champagne rosé, on peut très bien envisager de faire du rouge. Le Champagne rouge existait et était commercialisé au 19ème siècle, avant d'être interdit : la dernière bouteille était en marché en 1887.
Aujourd'hui, on peut faire du vin rouge en Champagne : les vins des Coteaux Champenois sont des vins rouges tranquilles (sans bulles), comme les vins de Bouzy entre autres.
En moyenne, une bouteille de Champagne rosé coûte 15% plus cher que le Champagne blanc "classique". On ne peut vraiment attribuer cet écart de prix à un surcoût technique, il est davantage lié à des problématiques de marché : pour un producteur/marchand de Champagne, le vin d'entrée de gamme est forcément le BSA (Champagne blanc Brut Sans Année), qui sera le moins cher. On trouve également des cuvées premium en blanc mais, en moyenne, le rosé a une image plus prestigieuse que le blanc, moins classique, moins ordinaire, pour laquelle des consommateurs sont prêts à dépenser un peu plus.
Bien que les flûtes semblent avoir les faveurs de bon nombre d'amateurs, aujourd'hui producteurs, sommeliers, professionnels et experts s'accordent à dire que le meilleur verre pour déguster un Champagne est un verre à vin. La flûte est trop étroite pour bien exprimer la palette aromatique du vin. Ce conseil est valable aussi bien pour les rosés que pour les blancs.
"Légèrement", ça signifie concrètement autour de 10-11°C. Soit bien plus que la température du réfrigérateur ou encore celle atteinte après 1 heure dans un seau à glace. A la dégustation, un vin trop froid perd de son bouquet d'arômes, et l'alliance du froid et des bulles est agressif en bouche.
Accord parfait sur la couleur, avec un rappel des notes de petits fruits rouges entre l'assiette et le verre, suffisamment de puissance dans le vin pour contrer la douceur (modérée) du dessert, et une acidité dans les deux pour équilibrer l'ensemble.
Nos suggestions : un sabayon aux fruits rouges (et au champagne rosé), une charlotte aux framboises, un fraisier, un tiramisu aux fruits rouges…
On peut certes servir un champagne rosé à l'apéritif, avec quelques amuse-bouche légers, mais c'est également un vin qui ira très bien avec la gastronomie étrangère (plats plus ou moins épicés), avec les gibiers et viandes légères, avec les plats végétariens, ainsi qu'avec des fromages.
Par exemple, un champagne rosé assez puissant peut tout à fait se servir avec de la cuisine mexicaine (enchiladas, tacos…) ou avec une terrine ou tourte de gibier.
Cela va sans dire, et pourtant ce style de vin reste un indétrônable de la Saint-Valentin, comme si l'alliance bulles + couleur rose était nécessairement associée à la fête des amoureux. Certes, c'est un vin de fête, d'occasion, mais parfois la seule occasion que l'on célèbre est le fait d'avoir ouvert cette bouteille !
Vin de dessert, vin de table et de gastronomie, belles bulles rosées pour l'apéritif… il serait bien dommage de se priver du champagne rosé 364 jours par an.
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.