Le 11/07/2017 par Mohamed Boudellal
Possédant des territoires contigus, ces deux vignobles du Sud-Ouest ont mutualisé leurs moyens en 2014, notamment pour faire des actions en commun, ainsi la manifestation dont je témoigne ici, placée sous le signe de l’excellence et baptisée « Les Belles Cuvées »(*). Rassemblant de très dignes ambassadeurs des différentes appellations qui les composent, l’événement a tenu ses promesses, ainsi que j’ai pu le constater. Ne pouvant en rendre compte de manière exhaustive, j’ai choisi de ne présenter que les vins qui m’ont plus particulièrement séduit. Auparavant, je brosse un portrait de ces régions qui ont désormais lié leurs destinées.
Située au sud-est du département de la Dordogne, la région où s’étend le vignoble de Bergerac est aussi appelée Périgord pourpre. Les vins produits sur l’ensemble de son aire sont en AOC Bergerac et peuvent l’être dans les trois couleurs. Ces mêmes vins peuvent revendiquer l’AOC Côtes de Bergerac, mais uniquement en rouge et en moelleux et à condition de satisfaire des critères d’élaboration plus élevés. Les autres appellations d’origine du Bergeracois concernent des secteurs plus restreints et des vins de nature spécifique, ainsi Pécharmant, une AOC exclusive à des rouges, Monbazillac, dédiée aux liquoreux, tout comme d’ailleurs celle de Saussignac, tandis que Rosette est vouée à des moelleux. Il faut encore citer Montravel, un territoire où l’on peut faire indifféremment des rouges et des blancs secs, et même des liquoreux qui portent alors la dénomination Haut-Montravel, les blancs doux recevant le label Côtes de Montravel. C’est donc une mosaïque d’appellations qui compose Bergerac, avec pas moins de 13 AOC distinctes si l’on considère tous les types de vins autorisés.
Par son rattachement à l’Aquitaine, ce vignoble du Lot-et-Garonne s’inscrit dans une continuité du Bordelais puisqu’il jouxte la région de l’Entre-deux-Mers. Les traditions viticoles sont d’ailleurs proches sinon communes, notamment l’usage des mêmes cépages. En cela, il ne diffère guère de Bergerac. Bien qu’elle ait obtenu le statut d’AOC en 1937, l’appellation n’a affirmé sa vocation que progressivement car la polyculture, d’ailleurs toujours en pratique, captait les énergies. Sa législation permet d’y produire les mêmes types de vins que dans le Bergeracois, à l’exception des liquoreux, autorisés cependant par dérogation. Longtemps esseulés par une situation géographique intermédiaire, les côtes-de-duras devraient bénéficier de la dynamique née de leur rattachement à Bergerac.
Il m’a donc été donné l’occasion d’apprécier une sélection exemplaire issue des deux vignobles. Cette dégustation avait également pour intérêt de regrouper des représentants des différentes appellations, chacun mettant en valeur le type de vin qui lui est assigné et, bien entendu, les cépages appropriés. Ces derniers sont identiques à ceux en usage dans le bordelais, bien que certains d’entre eux peuvent être moins marginaux, comme le malbec ou la muscadelle. Les cuvées de Château Les Marnières illustrent magistralement ce parti.
(*) La manifestation « Les Belles Cuvées » s’est déroulée le 18 mai 2017 à Paris.
Crédit photo : Château de Monbazillac - Olivier Diaz de Zarate
Diplômé en histoire de l'art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France, et d'autres titres comme L'Amateur de Bordeaux, Gault-Millau et Terre de Vins. Il a également été correspondant pour le webmagazine Le Journal du Vin, et est co-auteur dans l'édition 2016 du "Grand Larousse du Vin".