Au sommaire du #306 |
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Découverte
Les Champagnes de Vignerons - un repère d’authenticité |
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Découverte
BottleBooks ou la tour de Babel du vin |
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Le Saviez-Vous ?
Qu'est-ce qu'un tastevin ? |
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Le 10/10/2017 par Mohamed Boudellal
Il faut le savoir, les champagnes dont les marques résonnent partout n’ont pas droit à la mention « Les Champagnes de Vignerons », garantissant un vin d’origine typiquement vigneronne. Ainsi, avec cette signature, on a la certitude d’avoir un produit provenant de vignes d’une seule propriété. Mais que recouvre au juste cette bannière créée en 2001 pour promouvoir la commercialisation de ces champagnes ?
Il s’agit avant tout d’une marque collective, par conséquent utilisable en théorie par les quelques 5.000 adhérents au Syndicat Général des Vignerons de la Champagne. Cette griffe sous-entend d’autre part que le produit considéré est issu d’une exploitation familiale où il est de surcroît élaboré. Elle s’étend également à des vignerons regroupés dans de petites ou moyennes coopératives. Au-delà de cette caution, la grande spécificité d’un vin estampillé « Champagne de Vignerons » est d’être un reflet de la mosaïque des terroirs formant la Champagne viticole. A cette diversité des origines s’ajoute celles des savoir-faire. Aussi est-on loin des champagnes des grandes maisons, produits parfois à des millions d’exemplaires, axés sur un style récurrent d’une année sur l’autre et généralement sans notion de terroir.
L’organisation du vignoble champenois suit d’abord une partition géographique délimitant quatre grandes zones distinguant autant d’unités pédologiques, appelées respectivement Montagne de Reims, Vallée de la Marne, Côte des Blancs et Côte des Bar. Chacune de ces régions se définit par un type de terroir, auquel on assigne généralement des cépages de prédilection. Cette identité se retrouve plutôt fidèlement dans le caractère des vins qui en sont issus. A un niveau local, ce sont les communes qui déterminent plus finement ces terroirs. Celles-ci sont classées suivant une échelle qualitative très sélective qui sanctionne les plus cotées du label Grand Cru, tandis que le niveau intermédiaire bénéficie de la mention Premier Cru. Ce classement privilégie respectivement 17 et 44 communes sur les 298 qui englobent tout le vignoble.
Soucieuses de communiquer sur leur propre nom, les marques sont peu enclines à faire valoir la notion de terroir. En réalité, elles ne peuvent revendiquer des origines précises du fait d’approvisionnements dans tous les secteurs de la Champagne, y compris pour des cuvées de grande notoriété. Dans les maisons champenoises, le style prime donc le terroir, exception faite des produits portant le sceau d’un cru, marginaux dans leur ensemble. Il en va tout autrement chez les vignerons, surtout chez ceux qui n’ont d’autre ressource que celle d’un vignoble situé sur une seule commune. Ainsi, au-delà de qualités de bienséance attendues de tout champagne, ceux des vignerons offrent un supplément d’âme, celui suscité par un terroir particulier ou une savante alliance de terroirs. Cette personnalité des produits émerge d’autant plus que leur conception est moins contrainte que celle des marques où le respect d’un style est la règle.
Chaque année, les Champagnes de Vignerons présentent à la presse parmi leurs meilleurs représentants lors d’un événement placé cette année sous le signe d’accords mets-vins aussi raffinés que recherchés. C’est dans cette ambiance, assimilable à un univers festif, que j’ai sélectionné les cuvées qui m’ont particulièrement séduit, choisies dans chacune des régions quadrillant le vignoble et proposées à des prix sages.
Le chardonnay y est pratiquement le cépage unique. Je l’ai bien identifié dans des expressions pleines de distinction et finement ciselées par de la minéralité.
J’ai aimé :
Ici, les différences perçues entre les champagnes dégustés correspondent bien à une région aux reliefs et aux sols variés, ce qui, ajouté à des façons de faire distinctes, est plutôt appréciable.
J’ai aimé :
Entre autres qualités, on reconnait une propension à la fraîcheur aux champagnes de cette origine. J’ai effectivement retrouvé ce caractère dans la plupart des cuvées présentées.
J’ai aimé :
Réputés pour être corsés, les vins de cette région sont moins sur ce schéma lorsque le chardonnay est de la partie. Ce sont ainsi des cuvées où il est très présent, voire exclusif, qui ont retenu mon attention.
J’ai aimé :
Diplômé en histoire de l'art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France, et d'autres titres comme L'Amateur de Bordeaux, Gault-Millau et Terre de Vins. Il a également été correspondant pour le webmagazine Le Journal du Vin, et est co-auteur dans l'édition 2016 du "Grand Larousse du Vin".