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Découverte

Le 21/11/2017 par Mohamed Boudellal

Domaine Uby - Une démarche responsable

Domaine Uby - Une démarche responsable

Nés sur un vignoble d’Armagnac partiellement voué à disparaître, les Côtes de Gascogne en ont pris le relais avec une réussite inattendue et dans une vocation toute trouvée, celle de vins blancs légers, sans maigreur et aromatiques à souhait. Cette heureuse destinée le doit paradoxalement à des unités de production d’envergure, dont le Domaine du Tariquet a été pionnier et reste un symbole. C’est dans son sillage que s’est inscrit le Domaine Uby, œuvrant avec une même ambition, tout en apportant sa touche à une production dont les volumes sont également conséquents.

Malgré des similitudes dans le mode de production, Uby opère de manière singulière, à l’exemple des bodegas espagnoles, avec des raisins issus à la fois de sa propriété et de vignerons partenaires. C’est d’ailleurs grâce à ce principe que sa croissance a pu se faire et atteindre le niveau qu’on lui connait en à peine quelques années. Cependant, ces résultats n’auraient pas été atteints sans un esprit de gestion avisé et motivant tous ses acteurs, une attitude en adéquation avec les engagements d’une entreprise qui se veut également citoyenne et même écoresponsable. Ce parti le doit aux convictions de François Morel, un propriétaire très impliqué au cœur de son fonctionnement.

Technologie et écologie conciliées

On œuvre ici suivant des pratiques aujourd’hui bien en place dans les Côtes de Gascogne, sur la base d’un encépagement en partie hérité de l’armagnac. Cependant, la conduite des vignes ne suit pas un schéma traditionnel et obéit à des méthodes visant à accroître le potentiel aromatique des raisins, de manière à favoriser certains registres dans le vin fini. Cette conception vaut pour l’ensemble du cycle de son élaboration, où, techniques à l’appui, on s’applique à préserver les arômes qui détermineront le produit. Cette quête de repères organoleptiques précis ne se limite pas seulement à l’aspect aromatique et concerne également le profil en bouche, critère majeur dans le style propre à chaque cuvée.

Si la technologie prévaut pour l’ensemble de sa production, le domaine s’astreint évidemment à respecter les normes environnementales prescrites plus particulièrement pour des opérateurs de son envergure. Il va même au-delà des exigences légales en s’inscrivant dans une démarche plus globale, celle de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Entre autres contraintes, la RSE lui impose un usage raisonné des traitements phytosanitaires. Là encore, le domaine ne se contente pas du cadre assigné par cette norme et explore l’alternative de la culture biologique qui, pour l’instant, ne concerne qu’une partie très marginale de ses apports en raisins. Il faut savoir que le climat local ne favorise guère sa pratique, même si les cultures céréalières de la propriété sont dûment certifiées en bio depuis 2005 et démentent tout opportunisme en la matière.

Toujours en cohérence avec une exploitation consciencieuse de ses terres, Uby veille à leur écosystème en s’impliquant notamment dans la protection de la faune locale et en l’occurrence celle de la tortue Cistude, une espèce vivant en eau douce, faisant patrie du patrimoine naturel européen. Elle est d’ailleurs devenue l’emblème du domaine.

Des vins de plaisir avant tout

Les vins du domaine, presque exclusivement des blancs, sont conçus dans un style caractérisant aujourd’hui les productions les plus à la pointe des Côtes de Gascogne. Ce style, qui a fait son succès, conjugue habilement fraîcheur et rondeur, de manière à obtenir des expressions où la sensation d’acidité reste contenue. Cette conception oblige à faire des vins pas tout à fait secs et à leur conférer une épaisseur qui fait naturellement défaut aux produits faiblement alcoolisés qu’ils sont. Primordial, leur aspect aromatique fait partie intégrante de leur genre et concoure à la dynamique et à l’attrait de leur rendu. Chez Uby, on privilégie un registre évoquant les agrumes dans son versant le plus tonique, assimilable à du pamplemousse.

J’ai visité le domaine mi-octobre, à un moment où les 2017 commençaient à prendre forme. Ce n’est pas la meilleure période pour apprécier une production qui se commercialise au rythme de chaque millésime, les 2016 allant bientôt être relayés par leurs suivants. Néanmoins, hormis le rosé de la gamme générique, j’ai trouvé des 2016 encore loin de leur déclin et toujours significatifs d’un savoir-faire. Je donne ici un petit aperçu d’un large éventail de références qui sont pour la plupart identifiées de manière singulière, avec un numéro distinctif.

Très largement diffusée et véritable ambassadeur du domaine, la cuvée dite « N° 3 », un assemblage colombard-ugni blanc, est un parfait exemple de ce qui a contribué à sa « success story ». Elle possède toutes les qualités dans le type précédemment décrit et se distingue même par un effet de structure qui lui donne une certaine tenue.
La « N° 1 », une composition de sauvignon et de gros manseng, est dans la même lignée, quoique plus vive et d’une texture plus « grasse ».
Dans une gamme supérieure nommée « One », j’ai découvert un vin moins formaté. Identifié par le numéro 13, il laisse davantage exprimer la sève élégante et délicieuse d’un ensemble chardonnay-chenin.
Parmi les vins résolument doux, le « N° 4 » trouve sa gourmandise sublimée par la présence de petit manseng, faisant gagner du nerf et de la finesse à une expression dominée par le gros manseng.
Parmi les belles promesses de 2017, j’ai noté une cuvée relativement aboutie, la « N° 7 », un rouge de merlot-tannat particulièrement expressif sur une ligne fraîche et énergique.

Un nouveau code pour l’armagnac

A l’instar d’autres domaines produisant des côtes-de-gascogne, le Domaine Uby faisait à l’origine de l’armagnac. Et malgré la vocation qui l’a porté au faîte de l’appellation, il s’applique toujours à distiller des eaux-de-vie dans la pure tradition gasconne, tout en y apposant un cachet moins passéiste.

Ainsi, ses armagnacs ne se déclinent pas dans les âges classiques (VS, VSOP, etc.) mais adoptent une terminologie propre, plus parlante à nos contemporains. Du plus jeune (3 ans) au plus vieux (20 ans), les flacons sont respectivement étiquetés « Sweet », « Medium », « Long » et « Extra Long ». Leur élaboration bénéficie en outre de l’exigence entourant celle des vins non destinés à la distillation. Pour le reste, c’est la tradition qui prime, comme l’usage d’un alambic dit « continu armagnacais » et des élevages en fûts typiques de 400 l. En dégustation, j’ai noté une tenue du fruit étonnante dans les armagnacs les plus âgés (L et XL), sans même l’esquisse d’un rancio, et j’ai admiré l’expressivité du 12 ans (L), mon préféré de la série.


Quelques mots sur l'auteur : Mohamed Boudellal

Diplômé en histoire de l'art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France, et d'autres titres comme L'Amateur de Bordeaux, Gault-Millau et Terre de Vins. Il a également été correspondant pour le webmagazine Le Journal du Vin, et est co-auteur dans l'édition 2016 du "Grand Larousse du Vin".


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