Le 14/05/2012 par Julie
La tendance est aux vins "nature", c'est-à-dire à des vins respectueux de l'environnement, utilisant des levures indigènes (présentes naturellement dans les vignes), le moins de soufre possible voire pas du tout, pas de collage, un filtrage minimal.. Pour les adeptes d'un vin nature, il s'agit souvent d'un véritable retour à des pratiques ancestrales avec un vin qui se fait "tout seul" et n'a pas besoin de toutes les techniques ni tous les produits que la science, la chimie et les années nous ont apportés.
Alors, de toutes parts, on loue le vigneron nature, on s'émerveille de ses convictions, de ses techniques, du soin tout particulier qu'il doit apporter à ses vignes et à son vin, sous peine de le retrouver marqué par de forts arômes de fumier. On l'encourage… mais le grand public ne sait pas bien de quoi il s'agit, les principaux distributeurs de vin sont plus que frileux (le vin nature est plus fragile, le risque de développer un défaut est plus grand), et le vin nature reste marginal.
Jusqu'à ce qu'un certain Gérard Bertrand sorte ses cuvées Naturae, un vin sans soufre, lancé tambour battant et commercialisé avec une date limite de consommation (DLC) pour rassurer la grande distribution et assurer une large diffusion. Sauf que là, les fervents défenseurs du vin nature crient au scandale.
Les arguments des détracteurs de ces cuvées ne sont pas tous sans fondements, mais on pourrait leur reprocher une vision un peu trop manichéenne des choses, avec d'un côté le bon vigneron qui fait du nature par conviction et est prêt à finir sur la paille pour cela, de l'autre le méchant vigneron qui sort sa version du nature et fait en sorte de la faire connaître, de la faire vendre et d'avoir toujours des finances viables. Voici donc les quelques arguments qui viennent soutenir cette initiative de Gérard Bertrand:
Le dernier argument de cette polémique, en définitive, sera l'avis du dégustateur, votre avis. C'est à vous seuls de décider, sur l'étiquette ou à la dégustation, c'est un vin que vous souhaitez acheter, qui vous plaît, si le rapport qualité-prix vous convient (sachant que le prix conseillé est autour de 6 euros), si c'est le genre d'initiative que vous souhaitez ou non supporter.
Alors, cette Naturae, allez-vous la goûter?
NB: le vin nature n'est pas forcément un vin bio. La certification "Agriculture Biologique" s'obtient si l'on utilise des produits biologiques et qu'on respecte certaines méthodes de travail. Un vin bio n'est généralement pas un vin nature, et beaucoup de producteurs de vin "nature" ne souhaitent pas obtenir la certification Bio.
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.