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Billet d'Humeur

Le 8/05/2012 par Olivier Lebaron

Comment devient-on vigneron?

Comment devient-on vigneron?

Si ce n’est par l’hérédité, par un sang commun transmis par un père déjà vigneron, ou bien une vie depuis son enfance en immersion dans la vigne, comment décide-t-on de devenir vigneron?

Qui sont ces hommes et ces femmes qui achètent une terre crucifiée par des rangées de pieds de vignes, posant leur pas dans celui d’un autre qui a vendu, souvent de par le fait que le propriétaire est mort, ou alors parce qu’il a abandonné tout espoir d’en vivre?

Finalement, et je ne vais pas chercher à être scientifique, ni rigoureux dans ma réponse, plutôt subjectif en me fiant à ces vignerons, rencontrés quand je partais à la recherche de vins différents, un peu dans la marge des codes du vin, entre le prestige des châteaux plus ou moins Bordelais, l’imposante force de frappe des grandes maisons de producteurs et de négoces et cette constellation en souffrance de collectivités de coopérateurs.

Assurément, je ne vais pas parler de la majorité des vignerons. Dans les vignobles, cette majorité est silencieuse et comme énoncé dès les premières lignes de cet article, elle est filiale, transmission d’un savoir et d’une terre de père en fils.

Portrait du vigneron "nouveau"

L’homme ou la femme qui décide de devenir vigneron, quitte généralement un mode de vie moderne, urbain, stressant, qu’il ou elle ne supporte plus. Il change de métier, de vie, se déracine facilement d’un endroit que rien ne retient pour, avec passion, s’enraciner en profondeur dans une terre qu’il espère féconde en expériences et paradoxalement difficile, aride. Le mérite en sera plus remarquable. Il se lance alors un défi: faire soi-même son vin. En géniteur de la vigne, il parle souvent de produire du vin comme de faire un enfant. A cette différence près, c’est que, dans la vie d’un vigneron, il s’agira de répéter l’opération de création à plusieurs reprises, un peu comme fonder une famille nombreuses de millésimes, qu’il ira disséminer à travers la planète, sous la forme de quille, de bouteille, de verre.

Et ceux qui commencent l’exercice mesurent souvent le futur, non pas en années, mais en nombre de millésimes à faire! Leur espérance de vie s’exprime désormais selon cette répétition annuelle. Une cadence propice à l’exercice de leur artisanat, tâtonnant les bases d’un métier dont les gestes ancestraux se perpétuent, expérimentant tantôt fébrilement, tantôt avec excitation, des pratiques oubliées dans la surabondance de technologies.

Le vin marque chaque essai de l’homme. Dans le liquide, parlent tout à la fois le terroir, le climat et la main de l’homme. Une nouvelle cuvée forcément sera comparée aux précédentes et ainsi à l’infini, si la mort ou la ruine ne venait y mettre un terme.

Portraits de vignerons nouveaux

Lors du dernier salon de vignerons auquel j’ai assisté, à Cabrières dans l’Hérault, au Clos Romain, à deux pas de Pézenas, sur la vingtaine de vignerons et vigneronnes présents, la quasi totalité avait fait le choix de le devenir et cela en dehors d’un quelconque lien familial. A commencer par Céline et Romain du Clos Romain, tous deux sans aucune expérience de la vigne avant d’aller se former et qui résistent sur ce terroir de mines, en grande partie grâce à leurs activités de gîtes. A la manœuvre à la vinification, Céline s’aventure sur des cuvées extravagantes en amphore. Illuminée ou à la recherche d’une certaine vérité?

Il y avait aussi Lilian Bauchet, maintenant vigneron, qui l’eut cru, en Beaujolais, terroir qu’il choisit pour sa proximité avec Paris. Ce Paris dont il vient, là où il avait une société d’informatique, laquelle une fois vendue lui a permis de tenter cette aventure.

La vigne attire et c’est intriguant dans cette atmosphère si souvent morose d’un avenir paysan compromis, quand tant d’autres nous disent ne plus pouvoir vivre de leur terre, ce vignoble si fortement soumis à l’arrachage, gagné par l’urbanisation. Face aux pavillons qui poussent plus vite que la vigne, donnons de l’espoir à ces nouveaux vignerons. Buvons les!

Olivier Lebaron - Showviniste

Crédit photo: Olivier Lebaron


Quelques mots sur l'auteur : Olivier Lebaron

C'est le vin qui a guidé ses pas vers le Languedoc, à Pézenas où Olivier Lebaron vit maintenant. Témoin vibrant d'un patrimoine en mouvement dans ce pays d'art et d'histoire, il sillonne la vigne à la recherche de vignerons atypiques dont il fait partager la rencontre sur son blog ShowViniste, qu'il définit comme le "blog citoyen du vin". Par son regard décalé du vignoble, il aime à illustrer ses articles d'images originales et soignées.

Responsable Marketing et Technologie pour Vitisphere, Olivier Lebaron se distingue également par son ouvrage pédagogique "Vin, Internet et Mobilité: la révolution", paru en 2011 aux éditions Féret. En pro des réseaux sociaux, vous pouvez le retrouver sur son profil Facebook, sur Twitter (@ShowViniste) et aussi sur Pinterest.


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