Le 30/08/2012 par Julie
L'information est parue la semaine dernière: l'association chinoise de la filière des boissons alcoolisées souhaite que le gouvernement chinois mène une enquête sur la "concurrence déloyale" que leur font les vins en provenance de l'Union Européenne. A priori, c'est la PAC qui est visée, avec l'argument que l'UE subventionne ses vignerons, qui peuvent ainsi se permettre de produire et vendre moins cher, et surtout de mettre leurs vins sur le marché chinois à des prix "défiant toute concurrence", et portant préjudice aux producteurs chinois de vin.
L'on pourrait enrichir la polémique en parlant de ce (très) riche Chinois qui vient d'acquérir un des domaines emblématiques de Gevrey-Chambertin, mais ce cas pour l'instant isolé (n'en déplaise aux journaux télévisés) ne semble pas à première vue dénoter d'une tendance générale, d'une initiative gouvernementale ni même d'envergure nationale. Ce qui n'est pas le cas des autres éléments qui vont nous intéresser.
Mettre en place des barrières protectionnistesLa demande de cette association de producteurs de boissons alcoolisées, c'est de mettre en place des barrières protectionnistes à l'encontre des vins venus d'Union Européenne. Très simplement, on pense à des taxes sur les importations de vin, qui viendraient à la fois enrichir l'état, augmenter les prix à la consommation des vins européens et donc faire paraître moins chers les vins chinois. Le seul souci? Il y en a déjà, et elles sont exorbitantes.
Car enfin, si on parle de protectionnisme chinois, on est loin de parler de taxes de 1 ou 2% sur les importations, mais plutôt de l'ordre de 20 à 40%. On peut parler de subventions au producteurs locaux, mais il est toujours bon de les accompagner de taxes finançant lesdites subventions, pour un double effet de levier. Cela dit, "subvention" du producteur rime rarement avec "prix plus bas pour le consommateur" (peu importe le pays concerné).
Puis, rappelons-le, nous parlons aussi du pays où l'on trouve le plus de contrefaçons de vins (grands crus français en tête). Ce qui pose une question de taille: où ces contrefaçons sont-elles produites?? Si c'est en Chine, mais que l'étiquette vend les vins pour français, faudra-t-il les taxer ou non? Et, s'il y a un mécanisme de subvention, faut-il également subventionner les producteurs de contrefaçons pour les aider dans leur difficile métier?
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.