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Découverte

Le 13/09/2012 par Olivier Lebaron

De Bélesta à Riberach, histoire d'oenotourisme en Pyrénées

De Bélesta à Riberach, histoire d'oenotourisme en Pyrénées

De Bélesta à Riberach, la rénovation de la cave coopérative en un site oenotouristique majeur dans les Pyrénées Orientales

A notre échelle personnelle du temps, la mesure de 6000 ans ne peut se concevoir. En arpentant la terre catalane, sur les chemins escarpés des Pyrénées, on devine au plus profond d’une vallée encaissée, tantôt des murets, en partie effondrés, tantôt des tertres recouverts d’une végétation plus sauvage. Là où aujourd’hui par loisir nous marchons, sous le soleil, suivant un sentier balisé, bardés de notre équipement de Décathlonien (le magasin), des centaines d’années auparavant il y eut très certainement une occupation et une exploitation de la terre. Dans la garrigue ou au cœur d’une forêt de chêne liège, on ne remarque pas tout de suite les traces des humains qui ont façonné ce paysage pour en vivre dans le passé. On le comprend en marchant, en imaginant la peine et le courage de ceux qui nous précédèrent.
Ce samedi, dans la garrigue, nous ne rencontrons personne tout au long de notre balade. Plus de 3 heures, à marcher seuls, accompagnés par le bruit du vent violent dans les feuilles des arbres et les herbes sèches.

De Bélesta à Riberach

Bélesta est un village des Pyrénées Orientales qui se meurt, comme la vie dans les zones rurales. "Qui se meurt" est un point de vue certes. "Qui change" en est un autre assurément! La vie dans ces zones rurales donnait un autre visage au village. Du temps où le groupe fondait l’individu, elle était grouillante, vive, pleine, bruyante. La cave coopérative en est le dernier emblème grandiloquent, née d’un essor économique dans les années 1920 et 1930. Depuis, si la terre a plus d’une fois tournée, des hommes sont morts et d’autres s’en sont allés…
Pour sa part, la cave est morte en 1995. Paix à son âme!

A Bélesta, les habitants attendirent 12 ans pour la voir renaître, différemment. En 2007, un couple d'architectes franco-allemand, Luc Richard, enfant du pays, et Karin Pühringer, décide de s'installer dans le village et de réinventer la cave. Riberach sera son nom, celui de Bélesta au moyen-age. L’endroit bénéficie de plusieurs atouts: une histoire forcément prégnante dans les 120 mètres de murs et les 80 cuves de la cave, un panorama sublime tant les Pyrénées sont belles et le Canigou (Canigo en Catalan) majestueux, une réinvention du lieu pour marier le vin avec la gastronomie, le tourisme et le plaisir de vivre.

Riberach est aussi une affaire de coopération. Certes à une moindre échelle qu’un village tout entier tourné vers la vigne et pourtant ce projet pour être opérationnel a mobilisé plusieurs énergies d’individus bien décidés.

Un concept oenotouristique réussi

Riberach accueille un hôtel très original puisqu’il se glisse dans la cuverie de l’ancienne cave, lui conférant un charme fou et une atmosphère vinique inédite. Imaginez votre chambre en lieu et place d’au moins deux cuves de 500 hectolitres chacune. Le restaurant se cale au cœur du bâtiment, où se trouvait le pressoir, dans un hall que l’on dirait cathédrale tant il est haut de plafond et ouvert, à la fois sur le paysage à l’extérieur et sur l’intimité de la cave que l’on pourrait jurer encore en état de marche. On accède au restaurant par le haut, comme si on voulait sauter dedans, mesurant depuis l’entrée sur la rue la profondeur du lieu. Une arrivée magique!

De 300 à 12 hectares, beaucoup de vide dans les chais

Une boutique attenante abrite les vins de Riberach et d’autres cuvées des alentours sélectionnées selon un certain goût et une volonté certaine d’offrir du très bon vin.
Il me semble que rien n’a échappé au regard de celui qui a souhaité cet endroit. Plusieurs rangées de bouteilles habillent soigneusement le mur, tenues par le goulot. Elles font l’autruche tandis que d’autres trônent alignées en hauteur.

Parce que curieux, en le demandant, nous avons pu visiter la cave de vinification. Une grosse surprise nous attendait. Si le bâtiment est toujours debout, il est creux, rempli des anciennes vastes cuves de béton, vides. Entre hier la coopérative et aujourd’hui Riberach, la taille est incomparable. Les cuves sont démesurées pour l’exploitation de 12 hectares de vignes, quant à l’époque elles furent conçues pour en vinifier jusqu’à 300 ha.

Les vins de Riberach, raisonnés!

Jusqu’aux vins, j’admire la rigueur de celui qui a pensé les élever! Riberach décline à l’envie les cépages et les noms de cuvées autour d’un mot pivot: "Thèse".

Thèse, hypothèse, antithèse... synthèse!

Ils en disent ainsi:
"Le Grenache, cépage par nature méditerranéen, nous donne par ses tonalités baroques, la THESE des vins du sud.
Avec son élégante fragilité, la Syrah immigrée depuis longtemps du nord de la vallée du Rhône répond par une ANTITHESE d'une rectitude toute monastique alliant une fraîcheur naturelle à un fruit épicé.
Notre théorie parallèle s'incarne sous la forme d´une «HYPOTHESE Carignan». A partir de vignes vieilles de plus de cent ans et par des méthodes culturales appropriées, le vieux cépage s´adoucit, perd ses côtés rustiques et rocailleux pour s´ouvrir sur des arômes plus profonds d´une subtilité insoupçonnée. Un vin comme l´auraient voulu nos grands-pères.
En symbiose, dans un assemblage traditionnel, la SYNTHESE reprend des accents Catalans."

Olivier Lebaron - Showviniste

Crédit photo: Olivier Lebaron

RIBERACH HÔTEL CAVE RESTAURANT
2a, rte de Caladroy - 66720 Bélesta - FRANCE
Tél : +33(0)4 68 50 30 10


Quelques mots sur l'auteur : Olivier Lebaron

C'est le vin qui a guidé ses pas vers le Languedoc, à Pézenas où Olivier Lebaron vit maintenant. Témoin vibrant d'un patrimoine en mouvement dans ce pays d'art et d'histoire, il sillonne la vigne à la recherche de vignerons atypiques dont il fait partager la rencontre sur son blog ShowViniste, qu'il définit comme le "blog citoyen du vin". Par son regard décalé du vignoble, il aime à illustrer ses articles d'images originales et soignées.

Responsable Marketing et Technologie pour Vitisphere, Olivier Lebaron se distingue également par son ouvrage pédagogique "Vin, Internet et Mobilité: la révolution", paru en 2011 aux éditions Féret. En pro des réseaux sociaux, vous pouvez le retrouver sur son profil Facebook, sur Twitter (@ShowViniste) et aussi sur Pinterest.


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