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Billet d'Humeur

Le 29/10/2012 par Olivier Lebaron

Femme des villes et femme des vignes

Femme des villes et femme des vignes

On peut prendre la télé comme on veut. En pleine gueule ou de travers! Si souvent, par hasard, un peu hagard certainement, comme un réflexe de "n’aimant rien", décidé à ne plus se laisser que distraire pour être entièrement un con disciple du monde.
Et pourtant, en pleine gueule, je l’ai pris, ce reportage sur France 2, pendant l’émission de complément d’enquête, que l’on aurait pu ré-intituler "complément de quéquette", ainsi sans détour et avec vulgarité!

Après déjà un reportage navrant, à la sauce mondialisation, sur ce nouveau monde, qui débarque dans la vie, les poches pleines d’absurdes mécanismes, exposant la nouvelle mode chinoise des femmes qui visent comme idéal de se marier avec un millionnaire, j’assiste à une autre série de reportages, c’est la soirée, sur les agressions des femmes dans les rues de Paris.
T'es canon mad'selle!... Hey t'as entendu???... Salope!Impossible le soir de marcher sur un trottoir du 19ème arrondissement, du moment que tu portes une jupe, tant les mecs, alignés comme des soldats au peloton d’exécution, sont prêts à tirer sur la jeune femme qui passe, rapidement sur leur territoire! Invectives, intimidations, alternant un incroyable jeu de séduction–rejet du style "T’es canon mad’selle! …. Hey t’as entendu????….. Salope!" A croire que ces gorets décérébrés confondent fantasme et réalité, le tout tiré d’une je ne sais quelle surpuissance masculine vectorisée par un quelconque canal de communication: les jeux vidéos, les séries télés, la prison, la religion, la culture… Allez savoir! (Mais loin!)

En pleine gueule, la télé vous donne à voir ce qui me paraît insupportable en tant que homme, respectueux de l’autre sexe et d’une certaine culture. Un véritable choc en ce qui me concerne. Une vrai honte de mes semblables qui diffèrent à ce point de ce qui me semble la normalité. On pourrait se croire débarrassé de l’opposition homme-femme dans nos sociétés, en dehors d’un jeu de couple, amoureux, qui entretient le désir, en jouant sur la différence pour mieux s’attirer.
Hé bien non! L’Histoire est un perpétuel retour en arrière. Il y en a qui en sont encore à l’age de pierre, croyant, frustré etc… Je vous laisse chacun terminer ce qui m’emporterait trop loin.

La vigneronne est l’avenir du vigneron

Face à notre génération, je déclare avec Aragon...

Et pendant ce temps-là, dans la vigne, poussée par les nouvelles tendances et l’évolution des nouvelles générations, la femme devient l’avenir du vigneron! Ce n’est assurément pas le même monde! Si la terre réclame une souffrance, elle ne demande pas forcément de la force, et se nourrit d’énergie sans réclamer de brutalité.

A contrario, on peut prendre la télé comme on veut. Sur la joue, avec douceur, en découvrant un reportage sur les vigneronnes: les divines, sur France 2, un midi avec le playboy de la rédaction du service public, Laurent Delahousse. Soyons franc, pour résumer, le sujet tourne autour du même pot: le vin a-t-il un sexe? A cela, on pourrait répondre, faut-il sexualiser le vin ou la vigne? N’est-il pas possible de faire un reportage sur les femmes dans le monde du vin sans y projeter une quelconque sexualité, y chercher un rapport? Apparemment, non!

Vigneronne de mère en fille

3 femmes pour représenter toutes celles qui, en effet, envahissent la vigne. A commencer par Stéphanie Fumoso, vigneronne à Gigondas. Extraits:
A propos de la filiation de mère en fille: "Le vin , on y met tellement de soi, qu’à un moment donné, personne n’arrive à lâcher et à laisser la place à l’autre. Il faut vraiment attendre (ce n’est pas très sympa ce que je dis) une espèce d’usure de la génération précédente pour arriver à trouver sa place, et en plus il faut être à la hauteur."

A la question stéréotypée du journaliste: "Vous pensez qu’il y a des vins de femme et des vins d’homme?" réponse de Stéphanie: "On fait un vin qui est le reflet de notre personnalité. Mon vin, c’est un devenir, dans une bouteille y’a une histoire, d’une vigneronne qui est arrivé en 2007, qui a essayé de mettre dans son vin, c’est pas son sang, mais j’ai vu ma mère et ma grand-mère, c’était pas loin, c’était pas loin…"
Et pour conclure, sur ce passage de témoin de mère en fille: "J’ai l’empreinte des générations avant moi. Ce que je suis aujourd’hui, ce n’est pas une individualité, C’est un héritage que je transporte, que je véhicule. Si je vais au bout de ce que je veux faire ici, j’aurai trouvé ma place dans la lignée, et ce sera une espèce de verrou qui sautera."

Les femmes elles attendaient dans les voitures

Féminin ou masculin? Que nenni: universel!

Le reportage se poursuit à Paris, avec Caroline Furtos, chef sommelière dans un grand restaurant qui répond très simplement "Le vin c’est universel." à la question classique du journaliste: "Le vin c’est féminin ou masculin?".
D’un bond, on retrouve la sommelière dans une équipée sauvage avec le sympathique vigneron Guy Roulot dans les vignes de Meursault, invité à décrire ce qu’il a ressenti la première fois qu’il a rencontré Caroline: "Elle était curieuse et c’était formidable. Y’a 15 ou 20 ans, on recevait très peu de femmes dans les caves. Elles attendaient dans les voitures dans la cour."

Les femmes ne passaient pas la porte des cuviers

La troisième femme, Merete Larsen, dirige deux domaines sur Bordeaux. Elle parle ainsi de son métier: "la qualité de raisin c’est primordial, c’est affectif, c’est comme si on veillait sur nos gamins, on a ça dans la peau, ca nous donne beaucoup de satisfaction, c’est sentimental." Il y a 30 ans pour s’imposer dans la vigne, il n’y avait pas beaucoup de place pour les sentiments. "Dans les années 80, il y avait très peu de femmes. Elles n’avaient pas le droit de franchir les portes des cuviers parce qu’elles faisaient tourner les vins."

Pourquoi?

La question est-elle: qu’est-ce que les femmes apportent au monde du vin, ou bien plutôt: pourquoi les femmes viennent prendre place à côté des hommes dans la vigne ou dans la cave? Pourquoi est-ce une tendance récente? Pourquoi ce n’était pas le cas avant? Beaucoup de facteurs pour y répondre: la mécanisation, la place de la femme dans la société, la modernisation des échanges, la place du vin dans la société… Vous en avez certainement d’autres, n’est-ce pas?
Aux antipodes de ce machisme d’un autre temps sur les trottoirs de la capitale.

Olivier Lebaron - ShowViniste

Crédit photo: capture d'écran du reportage diffusé par France Télévision. Voir le reportage


Quelques mots sur l'auteur : Olivier Lebaron

C'est le vin qui a guidé ses pas vers le Languedoc, à Pézenas où Olivier Lebaron vit maintenant. Témoin vibrant d'un patrimoine en mouvement dans ce pays d'art et d'histoire, il sillonne la vigne à la recherche de vignerons atypiques dont il fait partager la rencontre sur son blog ShowViniste, qu'il définit comme le "blog citoyen du vin". Par son regard décalé du vignoble, il aime à illustrer ses articles d'images originales et soignées.

Responsable Marketing et Technologie pour Vitisphere, Olivier Lebaron se distingue également par son ouvrage pédagogique "Vin, Internet et Mobilité: la révolution", paru en 2011 aux éditions Féret. En pro des réseaux sociaux, vous pouvez le retrouver sur son profil Facebook, sur Twitter (@ShowViniste) et aussi sur Pinterest.


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