Le 1/04/2014 par Mohamed Boudellal
Décrétée en 2013 dans le cadre de la hiérarchisation des Côtes de Provence, l'appellation Côtes de Provence Pierrefeu sort son millésime inaugural. Symboliquement ralliée à la commune de Pierrefeu, cette nouvelle dénomination couvre une zone au climat homogène et bénéficie d'une large implication de ses vignerons.
Avec une superficie de 20 000 ha, répartie sur trois départements, le vignoble des Côtes de Provence présente une diversité géo-climatique en rapport avec son étendue. Conscients des avantages d'une telle configuration, les acteurs les plus motivés de secteurs bien déterminés se sont engagés dans une démarche officielle de hiérarchisation visant à délimiter des zones de même influence et à y imposer des règles de production spécifiques. Ont ainsi été reconnus les Côtes de Provence Pierrefeu, quatrième terroir à bénéficier d'un statut d'appellation sous-régionale après ceux des Côtes de Provence Sainte-Victoire (2005), Côtes de Provence Fréjus (2005) et Côtes de Provence La Londe (2008).
Situés dans le département du Var, au droit de la ville d'Hyères, les Côtes de Provence Pierrefeu s'inscrivent dans un territoire proche du littoral méditerranéen mais isolé de la bordure maritime, notamment par le Massif des Maures. Situé à la croisée de formations géologiques majeures, le terroir comporte des sous-sols variés, gréseux, schisteux et calcaires. Incluse dans un secteur de 3600 ha classés en Côtes de Provence, sa superficie potentielle représente 800 ha répartis sur 12 communes, comprises en totalité ou en partie dans sa délimitation.
Principal facteur d'unité, le climat local se rapproche du type continental car l'influence maritime s'y exerce de manière plus ou moins atténuée du fait des reliefs qui l'isolent de la mer. Dans ce contexte, la vigne y bénéficie de précipitations moyennes tandis que des vents favorables lui procurent une atmosphère peu humide et donc propice à réduire ses maladies récurrentes. De texture caillouteuse, les sols permettent une bonne régulation du régime hydrique du fait de leur nature limoneuse mêlée de sable ou d'argile.
Grenache, cinsault et syrah à la base de PierrefeuFortement axé sur la production de rosé, tout comme l'ensemble de la région, l'encépagement principal joue sur le trio grenache-cinsault-syrah. En rouge, le mourvèdre remplace le cinsault dans des assemblages de même base. Marginaux dans la production, les blancs ne sont pas encore reconnus en Pierrefeu.
Bien que répondant au courant actuel de valorisation des terroirs, l'accession au rang d'appellation d'origine ravive le souvenir d'une très lointaine reconnaissance qui faisait que les vins placés sous le vocable de Pierrefeu étaient déjà honorés à la cour d'Henri IV…
Dégustée en avant-première le 7 mars dernier, une sélection de rosés 2013 porteurs du label Pierrefeu a dévoilé une qualité d'ensemble sans faille avec des vins à l'expressivité affirmée, avec du corps et une assise minérale perceptible. Au-delà de cette identité, les principaux types caractérisant les Côtes de Provence étaient représentés. Il y avait ainsi des vins toniques de par une attrayante nature fruitée sur des agrumes/fruits exotiques (Domaine des Peirecedes), d'autres plus séducteurs en jouant sur l'impression de douceur (Château La Gordonne), et certains affichant une fastueuse fraîcheur (Domaine Lolicé, Château Hermitage Saint-Martin).
Soumis par le décret à une période d'élevage allant au moins jusqu'au 15 octobre 2014, les rouges du premier millésime n'étaient donc pas présentés.
Diplômé en histoire de l'art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France, et d'autres titres comme L'Amateur de Bordeaux, Gault-Millau et Terre de Vins. Il a également été correspondant pour le webmagazine Le Journal du Vin, et est co-auteur dans l'édition 2016 du "Grand Larousse du Vin".