Profitez de l'offre spéciale La FDV!
Le Saviez-Vous ?

Le 30/01/2015 par Julie

Insolite : Dégustation de vin à 5300 mètres d'altitudes au pied de l'Everest

Insolite : Dégustation de vin à 5300 mètres d'altitudes au pied de l'Everest

L'altitude joue-t-elle sur le goût et les arômes du vin ? Nous sommes habitués à déguster des vins toujours dans des conditions relativement similaires (en intérieur, climat tempéré, air riche en oxygène, pression atmosphérique normale), mais comment le vin, notre nez et notre palais s'adaptent-ils à des conditions extrêmes ? Si on goûtait du vin au sommet de l'Everest, aurait-il le même goût que dans le confort de notre salon ?

Le Master of Wine James Cluer, consultant pour Qatar Airways (donc plus intéressé et plus qualifié que la moyenne pour la dégustation des vins à haute altitude et dans des conditions inhabituelles), a décidé de faire l'expérience. Cela dit, pour des raisons évidentes, la dégustation au-delà de 8000 mètres est inconcevable : la température, le très faible taux d'oxygène dans l'air et dans le sang rendent toute consommation d'alcool extrêmement dangereuse. C'est donc au camp de base de l'Everest que la dégustation a eu lieu, à 5.364 mètres d'altitude, au sud du sommet (côté Népal).
L'avantage, c'est qu'il a raconté et partagé son expérience sur son blog personnel, que vous pouvez consulter pour plus de détails, et qu'en tant qu'expert en vin, ses impressions et notes de dégustation sont d'une grande fiabilité.

Amener des vins au camp de base de l'Everest : une expédition déjà hors du commun

Petit rappel : atteindre le camp de base de l'Everest, c'est minimum 6 jours de marche, avec quelques journées d'acclimatation dans des villages au milieu pour habituer son corps à l'altitude et au manque d'oxygène. Ce sont aussi 2500 mètres de dénivelé à parcourir, à un rythme assez soutenu, mais avec l'assistance de porteurs et de sherpas.

Pour son expédition, James Cluer a choisi la compagnie de guides Peak Freaks, qui a employé pour l'accompagner des sherpas ayant déjà gravi l'Everest plusieurs fois. En l'occurrence, les bouteilles sont "parties devant" et sont arrivées 5 jours avant James Cluer : pas de journées d'acclimatation pour elles, mais un petit repos une fois arrivées au camp de base.

Cinq vins ont été sélectionnés (parmi la carte des vins de première classe de Qatar Airways, qui a financé le voyage et la dégustation), et deux bouteilles de chaque ont été apportées :

  • Champagne Krug Grande Cuvée Brut
  • Chassagne Montrachet Premier Cru 2008 Domaine Marc Morey & Fils
  • Saint-Julien 2007 Château Ducru-Beaucaillou
  • Napa Valley Cabernet Sauvignon 2010 Red Mare
  • Sauternes 1998 Château d'Yquem

Du froid, moins d'oxygène, de l'altitude : qu'est-ce que ça change pour les vins ?

A cette altitude, les conditions sont très particulières :

  • 50% d'oxygène en moins dans l'air
  • des températures proches de -20°C la nuit

Les vins sont frais, et risquent moins d'oxydation une fois la bouteille ouverte, mais a priori ne devraient pas souffrir dramatiquement. En revanche, c'est sur l'être humain que l'altitude a le plus d'impact. Les activités physiques sont plus difficiles, l'activité cérébrale ralentit aussi au-delà de 5000 mètres d'altitude. Premier conseil donc : éviter de boire, autant que faire se peut. Avec un taux d'oxygène dans l'air aussi faible, et des capacités physiques et physiologiques réduites, l'ivresse est rapidement dangereuse, sans compter que se remettre d'un excès d'alcool sera d'autant plus difficile !

Verdict de la dégustation
Dans l'ensemble, les vins sont étonnamment bons et semblables à ce qu'ils sont à de plus faibles altitudes. Le Champagne a des bulles et une mousse plus prononcées (différence de pression ?), ainsi qu'une intensité aromatique surprenante, mais le Chassagne n'est pas aussi développé et exubérant. Les rouges, eux, subissent davantage les effets de la température, étant bien plus froids que leurs températures idéales de service. Le vin de la Napa Valley, plus riche et plus mûr, est donc préféré au Bordeaux, notamment par les sherpas. Enfin, Yquem reste Yquem, et garde toute sa superbe, même dans ces conditions extrêmes. Moralité : quitte à apporter une bouteille de vin avec soi au camp de base de l'Everest ou au sommet du Mont-Blanc, autant que ce soit un Château d'Yquem !


Quelques mots sur l'auteur : Julie

La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.


Partager cet article :

Commentaires :

Découvrez notre guide de la Foire Au Vin 2017

Archives par rubriques

Choisissez la rubrique à l'aide du menu ci-dessous :

Archives par auteur

Choisissez l'auteur à l'aide du menu ci-dessous :

Soutenez la Feuille de Vigne

Vous aimez nos articles? Venez grossir nos rangs et discuter avec notre équipe sur Facebook.