Le 7/07/2015 par Julie
Le bouchage est une des étapes les plus délicates de l'élaboration d'un vin. Il s'agit d'éviter que de l'oxygène (donc de l'air) n'entre dans la bouteille et n'oxyde le vin prématurément, de protéger le vin contre les éventuelles bactéries, et de garantir une étanchéité à toute épreuve. Ajoutons à cela le fait que le bouchage en lui-même peut être la source de problèmes supplémentaires, comme le fameux goût de bouchon, et on commence à se faire une idée de la technicité de l'opération : hors de question de couper un bout d'écorce de chêne-liège qui traînait par là (ou de réutiliser un vieux bouchon) et de l'enfoncer dans la bouteille sans ménagement !
Certes, la capsule à vis est d'une praticité incomparable pour les vins de consommation "rapide" (à boire dans l'année). Mais pour le reste, le liège reste in détrôné :
Il existe cependant un problème majeur : le liège n'est pas fiable à 100%, et le goût de bouchon est plus fréquent qu'on ne croit. Par ailleurs, certains peuvent lui reprocher son coût (2 à 3 fois supérieur à la capsule à vis), et son manque d'homogénéité : tous les bouchons de liège ne permettent pas au vin de vieillir de la même manière, et il existe d'assez grandes variations de qualité d'un bouchon à l'autre.
En effet, idéalement, un bouchon en liège a toutes les qualités ci-dessus. Mais en pratique, le goût de bouchon concerne 1 à 3% des bouteilles - d'autres études font état de 5%, les mauvaises langues vont jusqu'à avancer 10% de vins bouchonnés (13 molécules différentes ont été identifiées comme source du goût de bouchon, la plus connue étant la TCA ou 2,4,6-trichloroanisole). Et vous êtes sûrement déjà tombés sur des bouchons qui se sont cassés alors que vous tentiez de les extraire du goulot ?
Enfin, le bouchon en liège n'a pas une durée de vie infinie. En pratique, il est recommandé de les remplacer tous les 10 ans : avec l'âge, les bouchons peuvent se dessécher et perdre leur étanchéité, ainsi que perdre leur capacité de protection du vin contre l'oxygène ambiant.
Afin de pallier ces problèmes, un Code International des Pratiques Bouchonnières a été instauré il y a 15 ans, avec la création d'un label Systecode. En 2015 vient de voir le jour Systecode Excellence, un nouveau niveau de certification qui garantit une qualité maximale des bouchons en liège. Cette certification est accordée aux fournisseurs de bouchons finis, qui vendent leurs produits à des metteurs en bouteilles, et leur assurent ainsi qu'ils s'engagent dans une démarche de progrès et de qualité.
Si ces démarches ne sont pas très parlantes pour le consommateur final et pour le grand public, il n'en reste pas moins que ces certifications ont un effet réel sur la qualité des vins distribués aujourd'hui. D'après Vitisphère et la fédération française du liège, le taux de vins bouchonnés (affectés par la molécule TCA uniquement) est passé de 4% en 1992 à moins de 1% aujourd'hui, grâce à l'effet conjoint de toute la filière, et à son engagement pour la production et l'utilisation de bouchons de meilleure qualité.
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.