Découverte
Le 14/07/2015 par Mohamed Boudellal
Vacqueyras régale le festival d’Avignon
Chaque année depuis 1998 les temps forts du festival d’Avignon vivent à l’heure de Vacqueyras, et ce sont trois vins de cette appellation, un dans chaque couleur, qui en deviennent les cuvées officielles le temps de son déroulement, du 4 au 25 juillet. Faite avec la plus grande application, leur sélection le doit à un jury composé de professionnels du vin et d’une délégation du festival. Pour son édition 2015, les nominés ont été le Domaine de l’Espigouette, en rouge, les Vignobles Alain Ignace en rosé, et le Domaine de Montvac en blanc (cuvée Mélodine).
Bref regard sur un cru pas si connu que ça…
Ce qu’il faut savoir sur Vacqueyras
L’aire en appellation Vacqueyras se trouve dans le département du Vaucluse, à l’est de la ville d’Orange, délimitée dans la commune éponyme et celle de Sarrians. Son vignoble, voisin de ceux de Gigondas et de Beaumes-de-Venise, s’étend au pied et sur les versants du massif des Dentelles de Montmirail et occupe les terrasses dominant le cours de l’Ouvèze. La nature des sols est très variée, à l’aune de la situation des vignes sur les différents reliefs, tandis que la garrigue rythme la végétation environnante. Le climat ambiant est foncièrement méditerranéen, avec les caractères et les contrastes qui lui sont attachés et notamment l’influence du mistral. Un tel creuset est très propice à l’épanouissement des cépages traditionnels à la région, grenache en tête, syrah et mourvèdre à sa suite.
C’est en 1990 que les Côtes du Rhône Villages du secteur de Vacqueyras rejoignent le rang des crus rhodaniens où trône Châteauneuf-du-Pape, avec pour principale contrainte une diminution notable des rendements à l’hectare. Par ailleurs, l’AOC Vacqueyras se distingue de ses pairs par une production autorisée dans les trois couleurs, à l’instar de l’AOC Lirac.
Très marginal en rosé et en blanc, Vacqueyras désigne avant tout un rouge généreux sans excès, suave et volontiers soyeux, et qui offre aux amateurs toute son amabilité, souvent à des prix sages.
Parcours d’un cru
Moins réputé que ses homologues que sont Châteauneuf-du-Pape ou Gigondas, Vacqueyras brille avant tout grâce à de brillantes individualités, des vignerons devenus des figures de l’élite rhodanienne. Il est vrai que ce cru est relativement jeune et que ses bénéficiaires ont dû se discipliner avant de parvenir à se distinguer car il n’y avait ici nulle rente de situation ni de terroir tout trouvé comme dans les crus précités.
Certes, les conditions naturelles sont propices à faire bon, voire grand, mais il ne faut pas perdre de vue que tout est parti des habitudes de production des Côtes du Rhône, et qu’il a fallu un certain temps pour assimiler les exigences liées à son statut, sans compter que le marché a également temporisé avant d’avaliser l’AOC.
Vacqueyras se trouve aujourd’hui dans une position enviable, accréditée par les propriétés notoires de Gigondas et même de Châteauneuf qui y ont acquis des vignes. Un autre signe de sa bonne santé vient du négoce dont on compte 32 opérateurs à revendiquer le label ! Et si l’appellation a ses domaines de référence, elle ne manque pas de bonnes adresses dont certaines sont d’ailleurs méconnues. Enfin, à côté de l’acquis, il y a également un avenir porteur de promesses, celles que des jeunes mettent en œuvre en reprenant ou en remaniant l’héritage familial.
Vacqueyras en quelques chiffres
- Superficie : 1461 hectares
- Production : 96 % en rouge, 3 % en blanc et 1,5 % en rosé
- Rendement à l’hectare (récolte 2014) : 36 hl, soit l’équivalent de 4800 bouteilles
- Acteurs : 80 domaines indépendants, 5 caves coopératives et 32 négociants
- Commercialisation : 37 % des volumes vendus à l’export
- Prix de vente au caveau : entre 8 et 15 € (bouteille de 75 cl)
Quelques mots sur l'auteur : Mohamed Boudellal
Diplômé en histoire de l'art, Mohamed Boudellal est journaliste et consultant en vins. Il a écrit pour la presse spécialisée, principalement pour la Revue du Vin de France, et d'autres titres comme L'Amateur de Bordeaux, Gault-Millau et Terre de Vins. Il a également été correspondant pour le webmagazine Le Journal du Vin, et est co-auteur dans l'édition 2016 du "Grand Larousse du Vin".
