Le 8/04/2014 par Julie
Coravin: si ce nom ne vous parle pas encore, c'est que ces derniers mois vous êtes passé à côté d'une mini-révolution dans le domaine de la conservation des bouteilles entamées. En quelques mots, c'est un outil qui permet de se servir un verre de vin sans ouvrir la bouteille, en perçant le bouchon et en injectant à la place du liquide un gaz inerte qui empêchera l'oxydation. On l'a testé, on vous raconte:
On place le Coravin muni de sa capsule de gaz au-dessus de la bouteille, on perce (au travers de la capsule et du bouchon), et on dose tant bien que mal la quantité de vin qu'on veut servir. La première fois, on tâtonne. Mais c'est en forgeant qu'on devient forgeron, et les choses deviennent plus faciles au bout de quelques utilisations.
Le résultat: un verre de vin d'un côté, parfaitement propre à la consommation. De l'autre, une bouteille avec du vin intact à l'intérieur, mais qui contient 40, 50, 60cl au lieu d'en contenir 75. Autour, des réactions plutôt diverses.
Pour que le système soit réellement utile, il faut réunir plusieurs critères. Il faut déjà que la bouteille ait une certaine valeur (pas la peine de gaspiller une capsule d'argon pour un rosé à 4€). Sinon, autant l'ouvrir, car ce ne sera pas grave, ou pas "très grave" si on finit par en gaspiller une partie. Selon votre budget, la barre se placera à 20€ ou plus haut.
Il faut évidemment que le type de vin soit adapté à l'utilisation du système (voir plus bas pour les détails): vin tranquille, en bouteille de verre et avec bouchon de liège (ce qui est généralement le cas au-delà d'un certain prix).
Et il faut ne vouloir consommer qu'une partie de la bouteille. Coravin est strictement inutile si on compte finir la bouteille dans les 24 ou 48 heures, si on est nombreux, etc.
Ce qui nous laisse les usages suivants:
Le système repose sur la nature élastique et imperméable du bouchon de liège. Donc non, avec une capsule ou un bouchon en plastique, ce n'est pas idéal. Comme seule une aiguille traverse le bouchon, ce dernier n'est pas endommagé. A la sortie de l'aiguille, le liège va naturellement occuper le volume disponible, combler le trou et garantir l'imperméabilité du goulot (le vin ne peut sortir, l'oxygène ne peut entrer).
Côté oxydation, ou prévention de celle-ci, le gaz injecté dans la bouteille est un mélange d'argon et de dioxyde de carbone. Les deux sont "inertes", c'est-à-dire qu'ils n'ont aucun effet sur le vin. En particulier, l'argon est un gaz "lourd", qui va donc recouvrir la surface du vin pour le protéger davantage. Le vin peut ainsi être conservé... presque indéfiniment. Comme si la bouteille n'avait jamais été ouverte en tout cas.
Petites précautions d'usage
Les concepteurs de Coravin recommandent de vérifier que la bouteille n'a pas de défaut. Elle est censée devoir supporter bien plus que la pression du gaz injecté, mais des bouteilles fragilisées par un défaut (verre cassé à un endroit) peuvent ne pas résister, donc exploser.
Ensuite, Coravin ne fonctionne pas pour les vins effervescents, ni sur les capsules à vis, ni sur les bag-in-box, ni sur les bouteilles plastiques (PET ou autre). Cela va sans dire, mais ça va encore mieux en le disant.
On ne pouvait cependant pas laisser les choses en l'état, on a cherché les limites de Coravin. D'un côté, une bouteille qui n'a jamais été touchée. De l'autre, la même cuvée, ponctionnée régulièrement pour tester la qualité du vin. Les deux bouteilles ont été placées dans les mêmes conditions de conservation, dans une cave de température stable, à l'abri de la lumière etc.
Bilan: au bout d'un mois, le vin n'a pas bougé. Il est strictement impossible de les distinguer. Pas d'oxydation, pas de réduction non plus. Au bout de deux mois, même constat. Prochaine étape: rendez-vous dans 1 an pour la comparaison!
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.