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Côté Culture

Le 18/05/2012 par Olivier Lebaron

Pour quelques hectares de moins sur une planète en recrudescence d'humains

Pour quelques hectares de moins sur une planète en recrudescence d'humains

En découvrant le titre, "Pour quelques hectares de moins" de Christophe Beau, je me suis rappelé des paroles de ces micro-vignerons qui disent surtout ne pas vouloir dépasser les 4 hectares. En avoir plus, ça ne servirait à rien et pire même, il faudrait entreprendre une autre aventure et s’éloigner de l’artisanat. Et pourtant, au désespoir de beaucoup d’entre nous, ce sont ces mêmes vignerons qui n’ont jamais assez de bouteilles! La richesse n’est assurément pas, pour ces producteurs, une fin en soi.

Christophe Beau, vigneron, raconte cet univers, distinguant croissance et "croit sens".

3 personnages principaux jalonnent cette histoire, sa vie

Tout d’abord, lui, le narrateur, incarnant la modernité décalée, échoué par hasard à Vacquerolles dans cet océan de vignes Languedociennes. Ensuite, celui qui le retient, l’arrime aussi bien à la terre qu’à des racines nouvelles, Momo, l’ancien, le passeur de temps, celui qui s’en ira en lui laissant les clés du terroir. Et enfin, l’ami intemporel, Bogus, le chien, le fidèle qui ne disparaît que pour mieux se faire aimer, l’alarme canine efficace qui signale tout autant la propriété à protéger d’ennemies qui en voudraient au butin relatif de la cave que la proximité galopante du vivre ensemble mais surtout chacun chez soi!

En allant voir ailleurs pour comprendre ce monde

Quelques escapades aux antipodes renseignent du climat, mondialisé et perturbé, et rappellent à nous Français, que le vin se cultive aussi en-dehors de nos frontières, comme par exemple à Santa Emiliana au Chili. Une révélation, ce domaine, avec ses 600 hectares d’un seul tenant, en biodynamie, comparés au 4 hectares habituels de nos contrées!

Quelques détours et retours dans les vignobles de l’hexagone rendent compte, au-delà d’une résistance ou d’une mode, de la démarche commune de vignerons composites. A l’image d’Olivier Cousin en Anjou: "Décroissance, transmission de savoir-faire, épanouissement de vocations, installation-parrainage de jeunes: le domaine Cousin est une vraie pépinière informelle d’entreprises».
Le partage plus que la croissance. Vendre une partie de ses hectares pour n’en conserver que l’essentiel, l’utile! La décroissance c’est ça! Pas seulement. A travers d’autres expériences, apparaît également l’importance de la diversité. Ainsi, de Marc Angéli, il dit : "Sa ferme vigneronne en Biodynamie est connue pour sa capacité à avoir été dans le vrai sens du terroir: avec les vignes et vergers sur certains coteaux, le blé boulanger en plaine, le colza là où il faut, etc…"

Voilà! Le monde s’oppose. D’un côté ceux qui réduisent pour produire mieux, dans cette idée de "croit sens", cherchant à accomplir des notions fondamentales de coopération, de partage et de diversité. Contre ceux qui s’agrandissent pour être plus compétitifs, tendant forcément vers une réduction des coûts, obligeant la rationalisation des pratiques en uniformisant la culture et les cépages.

Le concept d’économie associante

Le livre se termine par deux annexes précises, affûtées, un discours pointu sur les pratiques et l’économie de l’agriculture, pour donner un sens, une orientation.

D’abord un point sur la vigne confrontée à cette opposition du marché mondial : "…les domaines vignerons doivent ainsi peu à peu refuser la sur-spécialisation de leurs terroirs en les (re)-diversifiant, et en réinvestissant peu à peu les autonomies locales (fertilité énergie, équipement…)."

Puis en forme de conclusion, cette phrase de Rudolf Steiner, pour introduire le concept d’économie associante: "Se sentir une dette à l’égard de la société au sein de laquelle on vit, tel est le début de l’intérêt qui doit être exigé pour une forme sociale saine". Nous sommes tous associés, liés, dépendants des autres: l’agriculteur, le consommateur et l’intermédiaire!

Tout en recadrant chacun ainsi:
L’agriculteur soigne la terre mais ne l’exploite pas, ne l’épuise pas! "Il est attentif aux besoins de la terre". Le consommateur achète en fonction de ses besoins. "Il délivre le permis de produire." Il doit se sentir responsable de ce qui est produit pour le satisfaire.
L’intermédiaire, entre production et consommation, doit accorder les compétences de l’agriculteur avec les besoins des consommateurs, en transparence et dans l’échange.

Pour quelques hectares de moins et pour quelques enseignements de plus, un livre qui intime à celui qui le lit de prendre conscience de son rôle dans l’économie mondiale et le respect de la terre. Une sensibilité que nous devrons de plus en plus développer sur cette planète en recrudescence d’humains!

Olivier Lebaron - Showviniste


Quelques mots sur l'auteur : Olivier Lebaron

C'est le vin qui a guidé ses pas vers le Languedoc, à Pézenas où Olivier Lebaron vit maintenant. Témoin vibrant d'un patrimoine en mouvement dans ce pays d'art et d'histoire, il sillonne la vigne à la recherche de vignerons atypiques dont il fait partager la rencontre sur son blog ShowViniste, qu'il définit comme le "blog citoyen du vin". Par son regard décalé du vignoble, il aime à illustrer ses articles d'images originales et soignées.

Responsable Marketing et Technologie pour Vitisphere, Olivier Lebaron se distingue également par son ouvrage pédagogique "Vin, Internet et Mobilité: la révolution", paru en 2011 aux éditions Féret. En pro des réseaux sociaux, vous pouvez le retrouver sur son profil Facebook, sur Twitter (@ShowViniste) et aussi sur Pinterest.


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