Au sommaire du #25 |
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Edito
Le vin est-il affaire de mode? |
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Billet d'Humeur
Rosé, le changement d'égard |
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Billet d'Humeur
Le prix d'une rencontre |
Billet d'Humeur
Le 23/05/2012 par SRR
Le prix d'une rencontre
La première vraie rencontre avec le vin ouvre un monde, un univers riche et complexe. Il est bien naturel de souhaiter reproduire le merveilleux moment passé en compagnie d’un flacon. Mais le vin n’est pas un liquide comme les autres.
Néophyte mais volontaire, on s’attaque à quelque chose de grand, et la marche est bien longue avant de devenir, comme certains passionnés, œnologue, sommelier ou même jute amateur éclairé. Fixons nous donc un objectif simple: nous voulons juste reproduire, ou plutôt revivre une sensation aussi heureuse.
Vous pouvez faire beaucoup de choses: prendre des cours, acheter des livres, aller sur des sites internet comme la Feuille de Vigne, discuter avec des experts. Mais cela ne remplace pas le verre dans la main et le goût sur la langue. Il faut goûter, et le moyen le plus simple de goûter, c’est d’acheter du vin.
Et c’est là où le bât blesse! Parce que le vin est très prosaïquement composé de trois éléments:
- L'objet, c’est-à-dire le liquide dans une bouteille de format plus ou moins grand
- Le prix, la somme que vous allez débourser pour avoir la chance de devenir l’heureux propriétaire de l’objet
- La marque, soit la perception un poil enrichie de la valeur de l’objet
Le vin est un produit presque comme les autres: pour bénéficier de ce que vous cherchez (la sensation), il va falloir détenir l’objet en déboursant une somme (le prix) qui correspond à la perception composée de la somme des qualités que l’on attend de l’objet (la marque). Un peu fastidieux tout cela, mais attendez!
Le vin n’est pas un simple produit. Nous l’avons testé une fois (la première), c’est une porte! Une porte ouverte sur un monde de sensation. Il n’est pas deux bouteilles identiques. Le prix, c’est un péage. Et si vous payez un péage élevé pour une sensation qui s’avère ne pas être à la hauteur de ce que vous espériez, vous allez juste être très vite découragé.
Pourquoi ce péage serait-il déconnecté? A cause de la marque, qui doit répondre à vos espérances. Pour le vin, la marque vient de plein d’éléments: la région de provenance, l’homme qui le fabrique, la société qui le commercialise, l’enseigne qui le vend etc… Je reviendrai plus tard en détail sur ces éléments dans d’autres billets.
Tout cela pour dire deux choses:
- Pour un vin X avec une marque plutôt prestigieuse (et donc chère), vous pourrez toujours trouver un vin Y qui vous apportera des sensations au moins équivalentes en payant bien moins cher. Le goût ne sera pas le même, évidemment, mais là, c’est la plaisir qui compte et à ce stade de la découverte, ne nous encombrons pas de préjugés.
- Le prix n’est JAMAIS un gage de qualité, et encore moins de plaisir. J’insiste! Acheter un vin cher en imaginant vous faire plus plaisir n’a pas de sens, et c’est clairement la solution de facilité. J’exclus tout de même quelques vins légendaires, mais comme ils sont légendaires, ils n’ont pas de prix (et personnellement, j’ai su me faire plaisir avec du vin sans jamais avoir eu le privilège de goûter une de ces légendes).
Ainsi, pour donner un petit exemple, j’ai eu l’occasion de goûter un vin, un vin de dessert, sucré et liquoreux. Ça aurait pu être un Sauternes, célèbre vin liquoreux du bordelais, très réputé et parfois bien cher pour les plus connus d’entre eux.
Ce n’était pas un Sauternes, ça n’en avait pas vraiment le goût. Les Sauternes que j’ai goûtés m’ont fait l’effet de palais classiques, aux dorures riches, aux miroirs brillants, à l’architecture belle, hautaine et lumineuse: Rambouillet ou Vaux-le-Vicomte en France, Schönbrunn à Vienne.
Mais ce vin, c’était un rayon de soleil traversant l’atmosphère chaude et poussiéreuse d’une jolie maisonnette de campagne, réchauffant le dallage de terre cuite et mon palais. On y sent les odeurs capiteuses des fleurs de printemps du jardin, et cette odeur des vieilles pierres chaudes. C’est un "Terre Quart" 2011 de Loire méridionale du vigneron Jérémie Mourat. Je l’ai goûté sur une tarte aux fraises de saisons et il a illuminé une belle après-midi pour moins de 15€.
Comment trouver ces découvertes? Ce sera la suite de mes propos.
S.R.R.
Quelques mots sur l'auteur : SRR
SRR mène depuis longtemps une double vie: consultant le jour, dégustateur la nuit. En rejoignant la FDV, il a trouvé un exutoire à ses envolées lyriques, un lieu pour clamer haut et fort sa passion et montrer que le vin est à portée de tous, qu'il suffit de pas grand chose pour "venir au vin" et ouvrir la porte d'un monde qu'il adore. Il a certes une prédilection pour les grands et petits Bordelais, son éclectisme reste toujours de rigueur, y compris quand il s'agit de surprendre son entourage avec des cocktails parfaitement mixés.
