Découverte
Le 19/08/2014 par Julie
Le Champagne en tablettes, c’est pour demain ?
Veuve Cliquot a fait le buzz ces derniers jours, avec du Champagne en tablettes effervescentes, qu’il suffit de faire dissoudre dans un verre d’eau. Le canular est gros, mais à quel point est-il réaliste ?
Synthétiser du Champagne
Les bulles, ce n’est pas le problème. On trouve déjà tout un tas de moyens pour en former, que ce soit en tablettes ou par des machines à sodas ou à eau gazeuse. Ne reste plus qu’à trouver les bons réglages pour que les bulles soient fines et délicates.
Ensuite, il faut savoir que le Champagne est composé à 85% d’eau. On arrive bien à séparer l’eau du reste pour faire du concentré de jus d’orange, pourquoi n’y parviendrait-on pas avec du vin ? On garderait ainsi un « concentré de vin », qu’il suffirait de mélanger avec de l’eau dans les bonnes proportions, pour obtenir un beau verre de vin. Pour du Champagne, on termine les opérations par un petit passage à la machine à soda, nos invités n’y verront que du feu.
Autre technique : synthétiser le goût du vin entièrement. A partir de composés chimiques, de molécules différentes combinées et recombinées ensemble, recréer les saveurs, ajouter des molécules odorantes pour avoir même le nez du vin. A priori, ce sera bien plus facile avec du vin rouge : on rajoute déjà dans certains vins des tanins en poudre et du bois, pour ajouter de la structure et ce petit goût boisé qui plaît tant. Ca fait déjà deux choses faciles à mettre dans le comprimé, ne restent plus que quelques arômes de fruits artificiels, et le tour est joué !
Enfin, reste l’histoire de l’alcool. Si on fait comme le jus de fruit, en ôtant l’eau même partiellement, on risque de se retrouver avec un concentré de vin contenant plus de 80% d’alcool. Sur le plan sanitaire, ça n’atteindra jamais l’étagère d’un magasin. En revanche, si on synthétise le goût… pourquoi ne pas se passer complètement d’alcool ? Voilà donc l’avenir du vin sans alcool : le vin en poudre ! (et vice versa)
Et les clients (et vignerons) dans tout ça ?
Le jus d’orange à base de concentré se vend. Surtout aux collectivités, il faut dire. Forcément, c’est moins cher.
Mais le vin… Le vin a une histoire, il a surtout un vigneron, une terre, un cépage (voire plusieurs). Une personne est-elle prête à tirer un trait sur tout ça pour consommer du vin en poudre ? Après tout, une équipe est bien en train de travailler sur un substitut alimentaire complet (Soylent, pour ceux que ça intéresse), permettant de se passer de tout autre aliment tout en maintenant une santé de fer. Vous en pensez quoi ? Le vin en poudre, dans 20 ans, ça vous paraît un scénario réaliste ou pas ?
Quelques mots sur l'auteur : Julie
La créatrice et rédactrice-en-chef de la Feuille de Vigne partage son temps entre un bureau (avec vue sur les vignes) et les vignes de France et d'ailleurs, et ne cache pas son intérêt pour les bouteilles les plus surprenantes, les vignobles les plus inattendus, et les vins étranges et étrangers.
